Les " jeunes indignés " d'Espagne, du Portugal, d'Italie, de Grèce, de France ou d'ailleurs nous lancent, pour l'heure encore avec dignité, un appel pressant, un cri d'angoisse que nous devons entendre...
La jeunesse de mai 68, celle du quartier Latin et des " sit-in " des soirées de printemps devant la Sorbonne, refusait d'entrer dans la société coincée et censurée des " trente glorieuses " de papa...mais il y avait alors de quoi gaspiller, imaginer et rêver, puis faire carrière...
La jeunesse d'aujourd'hui, celle de la spirale de la dépression économique aggravée par les égoïsmes montants, celle des " apéros géants " pour partager les interrogations sur l'avenir, cherche simplement et désespérément à entrer et à vivre décemment dans notre société...elle frappe à des portes qui se ferment les unes après les autres : celles d'une éducation, d'un logement, d'une vie de couple, d'une retraite, d'une couverture de santé...à un coût abordable, celle d'un emploi où la qualification et le diplôme soient rémunérés à leur juste valeur...alors que le chômage qui repart chez nous fortement à la hausse depuis mai frappe tout particulièrement les moins de 25 ans.
Cette jeunesse de 2011 est pourtant notre avenir, elle n'est pas responsable des aberrations financières ni des options politiques qui nous ont plongés dans une crise économique profonde et mondiale.
Elle subit naturellement, comme tous, les replis en matière sociale qui se multiplient, mais n'oublions pas qu'elle devra, en plus, supporter durablement le poids de la dette que nous n'avons cessé d'alourdir inconsidérément depuis plusieurs décennies...
Hier à Madrid, à Lisbonne ou à Athènes, aujourd'hui à Paris ou Bordeaux, les forces publiques malmènent des manifestants et font payer des amendes aux " jeunes indignés " qui se rassemblent et les pouvoirs en place tentent de nous faire croire qu'ils n'ont ni âge ni raisons de manifester...
Réfléchissons à nos priorités, redonnons du sens à la notion de société, sachons les écouter...faute de quoi l' Europe des jeunes finira par passer de l'indignation à la révolte...
Francis PONT
1/ 7 / 2011
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